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d Okhotsk, où devaient pulluler les souffleurs, au dire de Ro-
main Allotte& Et qui sait si, parmi eux, ne s y voyait pas le Rep-
ton, lequel, d après les informations du capitaine Forth, avait
quitté la baie Marguerite pour rallier les parages nord-ouest du
Pacifique ?
« Bon ! si heureuse qu ait pu être sa campagne, disaient les
hommes, il n aura pas tout pris, et il restera bien quelques ba-
leines pour le Saint-Enoch ! »
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Cependant les craintes d un changement de brise ne
s étaient point réalisées. À la suite d une accalmie de vingt-
quatre heures, le vent avait repiqué au sud-est. Plusieurs jours
s écoulèrent. Déjà les oiseaux de mer,  de ceux qui s aventurent
à quelque centaine de milles au large,  éparpillés autour du
navire, se reposaient parfois à l extrémité des vergues. Le navire
filait tout dessus, bâbord amures, avec une vitesse moyenne de
dix à onze nSuds. La traversée s accomplissait de telle façon
que M. Bourcart eût été mal fondé à se plaindre.
Le 21 août, d après la double observation de dix heures et
de midi par un temps très clair, le point donna cent soixante-
cinq degrés trente-sept minutes en longitude et quarante-neuf
degrés treize minutes en latitude.
À une heure, le capitaine et les officiers étaient réunis sur la
dunette. Le Saint-Enoch, incliné sur tribord, laissait derrière lui
un sillage plat et se dérobait rapidement à la lame.
Soudain, le second de dire :
« Qu est-ce que je vois là-bas ?& »
Tous les regards se portèrent au vent du navire, vers une
longue bande noirâtre qui paraissait animée d un singulier
mouvement de reptation.
Cette bande, observée au moyen des lunettes, semblait me-
surer de deux cent cinquante à trois cents pieds.
« Tiens ! s écria le lieutenant Allotte en plaisantant, est-ce
que ce serait le grand serpent de mer de maître Cabidoulin ?& »
Et, précisément, du gaillard d avant, la main au-dessus des
yeux le tonnelier regardait en cette direction sans prononcer
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une parole. Le docteur Filhiol venait de monter sur la dunette,
et le capitaine Bourcart dit en lui passant sa longue-vue.
« Voyez& je vous prie&
 Cela ressemble à un écueil au-dessus duquel voltigent de
nombreux oiseaux& déclara M. Filhiol, après quelques minutes
d attention.
 Je ne connais pas d écueil en cet endroit& déclara
M. Bourcart.
 Et d ailleurs, ajouta le lieutenant Coquebert, il est certain
que cette bande se déplace& »
Cinq ou six matelots entouraient le tonnelier, qui n ouvrait
pas la bouche, s il ouvrait les yeux.
Le maître d équipage lui dit alors :
« Eh bien& vieux& est-ce donc ?& »
Pour toute réponse, Jean-Marie Cabidoulin fit un geste qui
signifiait : peut-être !
Le monstre,  si c était un monstre,  le serpent,  si c était
un serpent,  ondulait à la surface des eaux, près de trois milles
au vent du Saint-Enoch. Sa tête énorme  si c était une tête 
paraissait pourvue d une épaisse crinière, telle que les légendes
norvégiennes ou autres l ont toujours donnée aux krakens, aux
calmars et aux divers spécimens de la tératologie marine.
Assurément, aucune baleine, même des plus vigoureuses,
n aurait pu résister aux attaques d un tel géant océanique. Et, au
fait, sa présence n expliquait-elle pas qu elles eussent déserté
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cette partie du Pacifique ?& Un navire de cinq à six cents tonnes
aurait-il pu se dégager des replis d un si prodigieux animal ?&
En ce moment, il n y eut qu un cri dans tout l équipage :
« Le serpent de mer& le serpent de mer ! »
Et les regards ne quittèrent plus le monstre en question.
« Capitaine, demanda le lieutenant Allotte, est-ce que vous
n êtes pas curieux de savoir si cette bête-là fournirait autant
d huile qu une baleine franche ?& Je parie pour deux cent cin-
quante barils, si nous parvenons à l amarrer ! »
Depuis l instant où l animal avait été signalé, il s était rap-
proché d un demi-mille sous l action du courant, sans doute. On
distinguait mieux ses anneaux, qui se déroulaient par un mou-
vement vermiculaire, sa queue en longs zigzags, dont l extrémité
se relevait parfois, sa formidable tête à crinière hérissée, dont il
ne s échappait aucun souffle d air et d eau.
À la demande formulée, puis renouvelée par le lieutenant,
de mettre les pirogues à la mer, le capitaine Bourcart n avait pas
encore répondu. Cependant MM. Heurtaux et Coquebert s étant
joints à lui, M. Bourcart, après une hésitation assez naturelle,
donna l ordre d amener deux pirogues, non pour attaquer le
monstre, mais afin de l observer de plus près, car le Saint-Enoch
n aurait pu s en approcher sans courir de longs bords. [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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